Descriptif
Au coeur de Genève à la Jonction, l'ancien site des Services Industriels Genevois, est l'axe du projet Coquelicot autour duquel des associations se sont regroupées pour proposer un nouveau concept d'aménagement collectif du site où logements, ateliers et espaces extérieurs sont gérés par ceux qui ont l'usage des lieux. Ce nouveau projet est une alternative à la démolition-construction prévue par le PLQ en vigueur. Le projet Coquelicot tient compte de l'histoire industrielle de ce site, de son emplacement-clé dans le quartier, et relie l'expérience en cours aux actuelles expériences de logement associatif à Genève. Il se situe résolument dans une optique de développement durable, tel que le définissent l'Agenda 21 et la Loi sur l'action publique en vue d'un développement durable du 23 mars 2001.
     
    Le Projet Coquelicot est l'antithèse de la table rase programmée. Dans une logique d'économie de moyens et de respect du tissu actuel, il intervient de façon mesurée, en intégrant les éléments existants, dans le but d'engager un processus de réalisation basé sur un développement durable urbain. La mixité logements - ateliers - jardins - espaces publics - activités de quartier, ouvre largement le site sur le quartier de la Jonction et ses habitants.
Dans ce projet, les terrains sont mis en droit de superficie. La CodHa et la Ciguë construisent une partie des logements, l'autre partie pourrait être construite par une fondation HBM ou d'autres coopératives. Les coopératives permettent une gestion des logements par les habitants. Par exemple les fondations HBM sont sur le point de finaliser deux baux de type associatif au 20-24 rue Montbrillant et au 75 rue de Lausanne. Ces baux
   
      permettent la location d'immeubles entiers à des associations qui assument le rôle de régie et sous-louent les logements à leurs membres. En ce qui concerne les ateliers, des associations d'artistes et d'artisans se créent pour la gestion et l'entretien des bâtiments d'ateliers.
Les espaces extérieurs, mis à disposition par les autorités, sont aménagés et entretenus par les utilisateurs (du site, du quartier, et des associations partenaires), avec l'appui professionnel des Jardins de Cocagne.




Objectifs visés
Défendre la culture avec ses pratiques vivantes et émancipatrices, comme par exemple habiter, semer, cultiver, se nourrir, méditer et créer pour déboucher sur la promesse de l'enrichissement par la diversité.
 
   
  Construire des logements, parfois à la place de constructions légères existantes, parfois posés sur des bâtiments actuels ou dans des nouveaux emplacements, de façon modulaire, et formant des espaces habitables de 70 à 150 m2, disposés sur 2 ou 4 niveaux et tous orientés au sud. L'idée est de concevoir avec les futurs habitants une enveloppe chauffée et équipée (eau-gaz-électricité), économique et écologique, de dimension correspondant à ses besoins d'habitat. L'aménagement et les finitions sont ensuite traités au cas par cas, et réalisés soit en auto construction soit par des entreprises, selon les choix des coopératives et fondations constructrices, CodHa, Ciguë, fondation HBM. Sans toucher au bâti «en dur», on peut construire de 2500 à 6000 m2 de logements, selon les options choisies ainsi que de 400 m2 à 800 m2 de locaux d'activités en      
    rez-de-chaussée, sur des grands espaces publics verts. Ces locaux pourraient abriter des équipements de quartier tels que crèche, locaux de réunions, etc.

Inscrire le projet comme expérience pilote de concrétisation parmi les actions de la loi sur l'action publique en vue d'un développement durable et parmi les actions de l'Agenda 21 de la Ville de Genève.

Tenir compte de la qualité de vie des habitants du quartier et des usagers du site, tant sur l'aspect des liens sociaux que sur le besoin de créer des espaces vivants, de retrouver le contact essentiel avec la nature.

Décliner les espaces extérieurs en jardins : dans la ligne des expériences de «cités vertes» ce projet fait appel à des stratégies et des techniques de protection de la biodiversité et de
   
  restauration écologique au coeur des communautés urbaines. Le but est de créer de meilleures conditions de vie en ville en réduisant les distances logement-travail et par la production de ressources sur place. Par la création de lieux multifonctionnels on obtient une réduction de la consommation d'énergies, de la quantité de déchets et des nuisances induites par les productions éloignées.

Favoriser la qualité de la vie par l'intégration et l'interaction entre différentes cultures; des artistes, artisans, porteurs de projets peuvent y pratiquer leurs activités dans une synergie créatrice et constructive.

Conserver les bâtiments existants en dur (béton, brique) adaptés à l'utilisation sous forme d'ateliers et les mettre en conformité avec des normes énergétiques écologiques (type Minergie). Nous considérons que leur
     
   
    démolition serait une erreur en terme d'économie et d'écologie.

La surface totale des ateliers, conservés et neufs, peut atteindre environ 7000 m2 de plancher. Le loyer total des terrains mis en droit de superficie (assiette des bâtiments existants et neufs : env. 6000 m2) est réparti équitablement entre les m2 de plancher des logements et des ateliers. Les associations d'utilisateurs des ateliers gèrent et entretiennent les bâtiments.

Expérimenter les avantages apportés par des «maisons végétales» aux murs et aux toits tapissés de verdure; biotopes recréés pour favoriser l'implantation de graminées et de plancton aérien.

Rendre à la vie un passage public entre le Quai du Rhône et le Boulevard St-Georges, avec un parcours piéton,
   
      libéré des voitures, varié et évolutif.
Encourager l'éco-mobilité par des aménagements incitatifs.

Fabriquer et poser des nichoirs sur le site et alentours avec le soutien d'un ornithologue et la participation de l'atelier d'enfants «Les Petits Débrouillards».

Accompagner ces réalisations d'un travail de recherche sur la réduction de «l'empreinte écologique» en zone urbaine. Les effets bénéfiques pour le milieu sont attendus sur la réfraction thermique, le ruissellement des eaux pluviales, la biodiversité, la qualité de l'air, le bruit, etc. La recherche menée pour la gestion du site (surfaces bâties et non bâties) est raisonnée dans ces buts.

Accueillir des expériences didactiques d'agriculture urbaine et de jardins participatifs. Les liens sociaux s'en
 
    trouvent naturellement renforcés par l'ouverture, pour les gens du quartier, d'ateliers de création et d'ateliers-jardins, de jardins pédagogiques et de cycles de formation à l'écologie.
Ces objectifs seraient renforcés par un suivi académique (sur les aspects des impacts écologiques, énergétiques, sociaux; en lien avec, par exemple, avec les centres universitaires spécifiques tels que CUEH, CUEPE, DEMOS, etc.), cela permettrait aussi de tester les indispensables indicateurs.



Mesures à mettre en oeuvre
Clarifier les problèmes de toxiques et effectuer la dépollution des sols de cet ancien site industriel sont parmi les premières questions à résoudre avant de pouvoir y aménager logements, parc, jardins et ateliers publics.
   
      Ensuite nous souhaitons :
Elaborer et tester des indicateurs de développement durable urbain.
Créer une commission multiparité réunissant au minimum Ville-Etat-Coquelicot.

Obtenir des moyens et soutiens pour réaliser les aménagements et financer les recherches nécessaires, optimiser le projet, établir des liens constructifs avec les acteurs susceptibles de réaliser un réel développement durable urbain.

Mettre en oeuvre le processus participatif étayant ce projet, l'élargir à de nouveaux partenaires pour valoriser un quartier de Genève, à travers une démarche de proximité, en tant que laboratoire urbain d'applications pratiques du développement durable et des recommandations de l'OFEFP en la matière.
 
    Le projet d'aménagement urbain Coquelicot, implique un développement en plusieurs phases.
La première envisageable, en fonction de la situation actuelle, est la fabrication et la pose de nichoirs ainsi que la création de toits végétalisés en prairie sèche.
Le début des constructions de logements, de mise aux normes progressive des bâtiments et ateliers préservés, d'installations de panneaux solaires et de récupération d'eau est espéré cette année déjà.
Sur les espaces extérieurs, un aménagement éphémère est annoncé pour cet été 2003, sous forme d'un «Jardin pour la paix» fait de grandes jardinières plantées de fleurs et disposées sur le site en symbole. Nous espérons aussi pouvoir accueillir la «Compagnie Tournesol» cet été sur le site, afin qu'elle déploie de façon éphémère ses expositions, créations et stages sur les thématiques permettant
   
  l'application des principes du projet Coquelicot.

Conclusion
Dans le contexte actuel, le potentiel de réalisation issu d'une telle expérience, grandeur nature, pourrait être très riche au sens de l'application des principes fondamentaux du développement durable.

Le processus de mise en place et de réalisation du projet est tout aussi important que le résultat final. Cette démarche sera l'apprentissage d'une nouvelle manière de planifier et d'organiser l'espace de la ville et pourra être mise à profit dans d'autres lieux et d'autres situations car son concept évolutif permettrait d'être reproduit en maints endroits grâce à ses aspects d'adaptabilité aux conditions et situations de lieux destinés à un aménagement urbain et/ou périurbain. Pour un quartier déjà
     
   
    extrêmement densifié, l'éclosion d'un lieu d'échanges, de rencontres et de vie semble plus que souhaitable.

Aux yeux des concepteurs du projet Coquelicot, offrir une telle diversité, qui englobe des logements et des ateliers à des prix abordables, mais aussi des espaces publics de création et de récréation, c'est certainement un moyen d'éviter des tensions sociales trop souvent constatées dans de tels quartiers.

Une autre ville est possible et nous pensons qu'elle se fera par des aménagements de proximité, la pratique de la participation, la reconnaissance du patrimoine, le respect des ressources et de l'environnement; qu'un équilibre social et une qualité de vie digne et tenant compte de la santé publique, sont accessibles. Nous pouvons tous y contribuer et le potentiel de création
   
      d'emplois utiles et gratifiants est certain par la mise en oeuvre de ce genre d'aménagements.
C'est pour un développement désirable et un avenir vivable que nous souhaitons travailler, ici et ailleurs, avec pour but une harmonie à long terme entre l'humain et son milieu.
 
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